The STUDIA UNIVERSITATIS BABEŞ-BOLYAI issue article summary

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    STUDIA EUROPAEA - Issue no. 1-2 / 2004  
         
  Article:   OF EXILE AND HISTORY / DE L’EXIL ET DE L’HISTOIRE.

Authors:  NADIA MANEA.
 
       
         
  Abstract:  La réflexion sur l’influence que les idéologies exercent sur la manière d’écrire l’histoire dans l’Europe des XVI-e et XVII-e siècles, ainsi que le contenu des polémiques entre les historiens (assez nombreuses, surtout entre les représentants des cités italiennes, mais aussi entre les Allemands et les Italiens ou entre les Français et les Italiens) nous ont conduit à constater, non sans étonnement, qu’un nombre considérable d’historiographes humanistes et baroques ont écrit leur œuvre lors d’un exil politique. Des Italiens, qui ont fixé la modalité d’écrire l’histoire moderne, et certains de leurs disciples, des Français, soutenant les projets de la royauté, et des Anglais impliqués dans la révolution du milieu du XVII-e siècle, tous ont partagé, pour une période plus ou moins longue, l’expérience de l’exil. Nous allons essayer d’appuyer cette observation en passant en revue certains épisodes de l’exil d’un nombre assez important d’historiens des XVI-e et XVII-e siècles qui, rédigeant des textes historiques dans ces circonstances, ont converti ce revers de fortune en une fortune pour l’avenir. Nous entamons notre propos avec Niccolò Machiavel (1469-1527), celui qui a révolutionné la sécularisation de la pensée politique et historique, théoricien politique et écrivain célèbre; dernièrement des recherches sont menées qui visent à mettre en évidence sa personnalité d’historien, moins étudiée par les chercheurs. Machiavel naquit à Florence, le 3 mai 1469; il eut, comme le remarque Edmond Barincou, une vie étonnamment symétrique: 28 ans d’obscurité, 14 ans d’intense activité politique et autre 14 ans d’inactivité politique forcée. Il est élu secrétaire de la Chancellerie de la Seigneurie de Florence de 1498 à 1512; dans cette qualité il gagne la confiance du gonfalonier Pietro Soderini. Il sera envoyé dans 23 missions en Italie, en France et en Allemagne. Quand Soderini sera chassé par les armées espagnoles envoyées par le pape Jules II, le 30 août 1512, Machiavel sera écarté de ses fonctions par le décret de la nouvelle Seigneurie; la découverte d’un complot dirigé contre les Médicis lui vaudra vingt-deux jours de prison. Il fut même par six fois estrapadé pour le même délit. Libéré grâce à l’intervention de son ami Francesco Vettori, Machiavel est exilé à Sant Andreea, près de Casciano. Il y passait ses jours à chasser les grives, à jouer aux cartes et aux dés, à surveiller la coupe d’une forêt, à lire les histoires d’amour de Dante, de Pétrarque et d’Ovide, à se chamailler dans son auberge; les soirs, selon ses confessions faites à Francesco Vettori, “je pénètre dans les demeures anciennes des gens d’autrefois; j’y suis reçu avec amitié par eux, je mange à ma faim cette nourriture qui est faite pour moi, pour laquelle je suis né”; de la sorte, “plongé dans la boue, je débarrasse ma cervelle de la moisissure et je me venge de mon mauvais sort, content qu’il me frappe ainsi et que peut-être une fois il aura honte de ce qu’il fait”. Ce n’est donc pas la résignation qui s’empare de Machiavel durant son exil car, comme le remarque M. Fleisher: “Pour lui, la politique est la vie même de l’âme. C’est son grand amour qui le conduit parfois jusqu’aux limites de la tyrannie”. Pendant son exil, il écrit en rêvant toujours de revenir sur la scène politique. Deux semblent être ses objectifs: l’unification de l’Italie et la protection des Médicis. Les deux sont clairement formulés, le premier dans le cri final du Principe (Exhortation pour la reprise de l’Italie et sa libération des mains des barbares), le deuxième dans la lettre adressée à Francesco Vettori que nous avons déjà évoquée (“j’aimerais que ces sieurs de Médicis m’emploient à nouveau, même si, au début, je devais charrier des pierres”), ainsi que dans la lettre-dédicace à Laurence de Médicis où il invoque le triste sort qu’il doit supporter à tort. Il voulait obtenir la protection des Médicis non pas par des flatteries, remarque Al. Balaci, mais par sa qualité d’intellectuel dont la plume pouvait être utile à un chef d’État. Malgré ses efforts, Machiavel n’est jamais revenu sur la première scène de la politique florentine, même si en 1526, le pape Clément VII (Jules de Médicis) lui commandait Istorie Fiorentine et en 1526, lorsqu’il remplissait une humble fonction, il accompagna Guichardin lors de l’expédition des armées pontificales, près de Crémone. L’émeute des Florentins de 1527 contre les Médicis trouva Machiavel du côté de ceux-ci. Se portant candidat pour son ancien emploi, il ne récolte que deux voix. La tournure ironique des événements précipita, probablement, sa fin, même si nous ne disposons pas de preuves concrètes dans ce sens. Dix jours après ce concours raté, Machiavel tombe malade; il meurt le 22 juin 1527. Paradoxalement, les solutions de survivance politiques imaginées par lui et qui serviraient à d’autres pendant des siècles ne valurent rien à leur inventeur. C’est son exil prolongé qui, à coup sûr, a assuré sa postérité, en lui offrant le loisir d’écrire une œuvre où s’originent à la fois le domaine politique comme objet de la science politique et le réalisme comme critère suprême de la littérature historico - politique.  
         
     
         
         
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